Internet, dont les incessantes mutations technologiques façonnent nos sociétés depuis une vingtaine d’années, conserve en filigrane, malgré ce temps numérique accéléré des ordinateurs et des réseaux de télécommunications, la trace des grands contributeurs que sont Vannevar Bush (Memex), Douglas Engelbart (Augment) et plus récemment Ted Nelson (Xanadu) et Tim Berners-Lee (Web). Ceux-ci ont durablement marqué, par leurs propositions philosophiques ou techniques, ce monde de l’information largement interconnecté où les préoccupations de production, de diffusion, de conservation et de partage des savoirs demeurent toujours très actuelles. Les travaux de Paul Otlet légèrement antérieurs à ceux-ci, semblent pourtant avoir influencé ces plus récents visionnaires. Si les intuitions de Paul Otlet trouvent à l’évidence leur place dans les avatars du document numérique qui confèrent au livre une infinité de formes, elles introduisent, en contrepoint, des doutes quant aux capacités des seuls savants/sachants, dans une tradition encyclopédiste, à organiser ces savoirs diversement traités et rendus visibles grâce à la volubilité numérique. C’est dans le prolongement des intuitions de Paul Otlet que nous organiserons notre exposé où nous chercherons à réinscrire l’importance de la participation collective, à l’image de celle qui anime les humanités numériques, sans pour autant négliger les participations profanes que les mécanismes sociotechniques désormais intégrés depuis le Web 2.0 aux dispositifs informationnels, contribuent à encourager.

OTLET, Organisation des connaissances, bibliothèques, Bush, Engelbart, Bernes-Lee